mardi 9 juin 2015

"[...]craignez le temps où l'Humanité refusera de souffrir, de mourir pour une idée[...]"

Les raisins de la colère - John Steinbeck


Le livre raconte les vicissitudes d'une famille de paysans, les Joad, qui, ruinée par les tempêtes de poussière (Dust Bowl), par l'appauvrissement du sol et par la crise des années 1930, est contrainte de quitter l'Oklahoma et de venir chercher du travail en Californie. Peu à peu, affamés, traqués, exploités par les grands propriétaires, les émigrants voient la terre promise californienne se transformer en un vaste pénitencier. Mais on pourra constater tout au long du livre, que l'espoir n'a jamais abandonné cette famille.

Si vous me suivez sur d'autres réseaux vous le savez déjà : j'avais commencé ce livre il y a plusieurs années et je l'avais abandonné parce que je m'ennuyais comme pas possible. C'est donc avec appréhension que j'ai repris ma lecture. Et je bénis ma persévérance (et ma copine Nelcie) parce que cette seconde lecture a été un absolu coup de cœur. Ce livre est un chef d'oeuvre. L'épopée est passionnante, la critique de la société est intelligente et la construction du roman incroyable.
On suit l'exode de la famille Joad, obligée de tout quitter à cause de la misère et des sociétés capitalistes qui les exploitent le plus possible. On les voit abandonner tout ce qu'ils possèdent en Oklahoma et on suit leur voyage jusqu'en Californie où ils espèrent trouver une vie meilleure. Ce ne sont pas les seuls à faire cela. Nous savons que des milliers de familles font la même chose. John Steinbeck nous dépeint la vie de toutes ces familles à travers les Joad. Je trouve personnellement que cela ajoute à la force de l'histoire. Lorsque je frémis pour la santé du grand-père je frémis pour tous les grands-pères ayant entrepris ce voyage. La famille est nombreuse et chaque personnage a une personnalité bien particulière, presque caricaturale, afin que l'auteur puisse décrire le plus de situations possibles : avec une dizaine de personnages il doit nous décrire la vie de milliers. On s'attache à tous, certains disparaissent, et ne pas savoir ce qui leur est arrivé est une de mes frustrations par rapport à ce roman.
Autre point que j'ai aimé par rapport aux Joad ce sont les liens qui les unissent : ils sont soudés envers et contre tout et grâce à leur amour ils ne perdent jamais espoir. L'espèce de hiérarchie que l'on observe au sein de la famille (la façon dont les hommes se regroupent pour réfléchir, l'ordre de parole au sein des conseils,...) est aussi très intéressante. John Steinbeck nous livre presque une analyse sociologique des familles paysannes de l'époque.
Les chapitres au passé, dans lesquels on suit le voyage des Joad, sont entrecoupés de chapitres au présent dans lesquels John Steinbeck nous montre d'autres aspects de la société américaine de l'époque. Dans ces chapitres au présent on croise des conducteurs de camions, des garagistes, des serveurs, des hommes d'affaires,... Cela nous permet d'avoir une vue d'ensemble des Etats-Unis des années 30. Le contraste entre ces chapitres et la vie de misère des Joad est souvent très saisissant. Cela renforce notre malaise devant le fait que des milliers de gens soient morts de faim dans une indifférence totale au milieu d'une société développée et prospère pour beaucoup. L'auteur se sert aussi de ces chapitres pour critiquer le capitalisme en général. Le roman a été écrit en 1939 et je trouve John Steinbeck visionnaire sur de nombreux points : la surexploitation des sols, l'esclavagisme industriel, le gaspillage alimentaire, l'intolérance, l'individualisme,...
Ce livre a été pour moi une claque littéraire. Il n'est pas facile mais si vous êtes prêts pour le message qu'il diffuse il vous changera à jamais.


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4 commentaires:

  1. Un de mes classiques préférés :)

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  2. Pas forcément simple à aborder, il faut en effet s'accrocher au début mais ça reste un récit passionnant et criant de vérité, j'ai également adoré !

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  3. Comme quoi , un livre peut etre beau mais on peut avoir une discordance dans le temps!!!!Tant mieux si tu en as apprécié la beauté avec un peu plus de maturité!!!!;)

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  4. Des fois, nous ne sommes pas rendu à ce stade dans ce genre de lecture. Nous devons être prêt mentalement :-) C'est un vieux roman et une vieille adaptation en tout cas...

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